• La croissance économique est toujours portée par la reprise du secteur agricole et par
le démarrage soutenu de la saison touristique.
• L’incohérence des politiques macroéconomiques a gravement perturbé le marché de
change gambien et engendré des déséquilibres budgétaires, aggravant la vulnérabilité
du pays aux chocs extérieurs.
• Malgré des progrès considérables dans la réduction de l’incidence globale de la
pauvreté, la Gambie reste confrontée aux problèmes d’inégalités et de fort chômage,
surtout chez les jeunes.
Vue d’ensemble
La reprise agricole et les solides recettes touristiques ont soutenu la croissance du PIB en
2012 et en 2013. D’après les estimations, le PIB réel aurait progressé de 6.1 % en 2012 et 5.6 % en
2013, après s’être contracté de 4.3 % en 2011. Les perspectives sont optimistes et tablent sur une
croissance de 7.5 % en 2014 puis 6.7 % en 2015. L’inflation a augmenté à 5.3 % en décembre 2013,
contre 3.9 % fin 2012, à cause de l’affaiblissement du dalasi, la devise nationale.
Le déficit budgétaire devrait se réduire, passant de 3.3 % du PIB en 2013 à 2.5 % en 2015. Les
recettes fiscales devraient reculer de 0.8 % du PIB sur la période, malgré la taxe sur la valeur
ajoutée (TVA) et d’autres mesures fiscales. Une baisse des paiements d’intérêts sur la dette
intérieure combinée à d’autres facteurs devrait faire reculer les dépenses de 17.9 % du PIB estimés
en 2013 à 17.3 % en 2015. Le gouvernement doit maîtriser les emprunts intérieurs et offrir un cadre
macroéconomique cohérent et approprié s’il veut stabiliser l’économie et rétablir la confiance du
marché, ce qui lui permettrait de diminuer le risque d’éviction de l’activité du secteur privé et de
se dégager une marge de manœuvre pour les dépenses de développement. Il devrait s’efforcer de
maintenir un taux de change flexible et de durcir ses politiques monétaires et budgétaires afin de
garantir la stabilité et de préserver des niveaux de réserves étrangères adéquats.
La Gambie participe aux chaînes de valeur mondiales (CVM) à travers deux secteurs principaux :
le tourisme et les fruits à coques (noix de cajou, arachide), les deux principales sources de recettes
en devises en dehors du secteur des réexportations. Bien que le pays soit parvenu à retirer de
l’activité touristique un fort effet démultiplicateur, ces profits restent cantonnés aux zones côtières.
La Gambie peut espérer dégager de la promotion du tourisme écologique et culturel à l’intérieur
du pays de plus grands bénéfices pour les populations défavorisées. Les pouvoirs publics doivent
instaurer un environnement propice à l’investissement dans ces débouchés en développant les
réseaux routiers et fluviaux ainsi que les technologies de l’information et de la communication
(TIC), afin de rendre les régions plus accessibles. En outre, la Gambie jouit d’un environnement
économique idéal pour investir dans les noix de cajou, dont la transformation reste une activité
négligeable. La chaîne de valeur de la noix de cajou gambienne passe par plusieurs intermédiaires,
du producteur à l’industriel, qui ont le potentiel de créer de nouvelles richesses.Développements récents et perspectives
Malgré la crise financière mondiale de 2008, la Gambie a affiché de solides résultats
économiques au cours de la période 2005-10, avec une croissance moyenne du PIB réel de 3.7 %
par an. La croissance économique a été pénalisée en 2011 par de mauvaises récoltes dues à un
épisode de sécheresse. La production agricole a toutefois commencé à se rétablir en 2012 en raison
de précipitations supérieures à la moyenne. Le PIB réel aurait progressé après une contraction de
4.3 % en 2011 à 6.1 % en 2012 puis à 5.6 % en 2013, porté par la reprise soutenue de la production
agricole et par le solide démarrage de la saison touristique. Les perspectives sont optimistes et
tablent sur une croissance du PIB réel à 7.5 % et à 6.7 % en 2014 et en 2015. Le PIB devrait par la
suite renouer avec un rythme de croissance annuel d’environ 5.5 %. Ces prévisions dépendent
toutefois d’une reprise durable dans la production agricole accompagnée de précipitations
normales qui permettent un retour aux niveaux de production d’avant la sécheresse, sans nouveau
choc extérieur. Les dérapages budgétaires pourraient cependant compromettre les objectifs de
développement, en se faisant au détriment du secteur privé et des programmes prioritaires du
gouvernement.
Économie modeste et ouverte, la Gambie reste fortement vulnérable aux chocs extérieurs. Le
pays est particulièrement tributaire de l’agriculture pluviale sur le plan de la production agricole,
des importations alimentaires, des recettes du tourisme et des transferts de fonds eu égard aux
recettes de change. Ces dernières années, la Gambie a également assisté à une érosion de son
activité d’entreposage en raison des gains de compétitivité du Sénégal voisin et de l’harmonisation
des tarifs douaniers dans la sous-région. Conséquence de la crise financière mondiale, l’activité
touristique a fléchi et les entrées d’investissements directs étrangers ont diminué. Les crises
politiques au Mali et en Guinée-Bissau ont perturbé l’activité commerciale.
Le secteur des services représente 62.6 % du PIB en 2013 même si sa contribution au PIB total a
reculé de 16.3 % en 2011 à 14.5 % en 2012. Le secteur a enregistré un taux de croissance de 5.8 % en
2012. Le commerce de gros et de détail a progressé à 4.5 % contre 1 % en 2011, les communications
à 13 % contre 7 % en 2011, et l’éducation à 7 % contre 4.7 % en 2011. En revanche, les secteurs de
hôtellerie et de la restauration, de l’intermédiation financière, de la santé et de l’action sociale ont
accusé un recul à 4 %, 4.3 % et 0.1 % respectivement en 2012 contre 16.8 %, 13.6 % et 3.7 % en 2011.
La Gambie reste une économie essentiellement agricole : plus de 70 % de la population dépend
des cultures vivrières et de rente (arachide, noix de cajou et sésame par exemple). La Gambie ne
produit que 50 % du total de ses besoins alimentaires. L’agriculture représente environ un quart
du PIB en 2013. Le secteur agricole a progressé de 6 % en 2012, selon les estimations, à l’inverse de
la croissance négative de 24 % enregistrée en 2011. La production des récoltes, principale activité
du secteur agricole, a augmenté de 8.5 % en 2012 par rapport à la croissance négative de 40 %
observée en 2011. L’élevage, la pêche et l’activité forestière ont enregistré une croissance positive
de 3.8 %, 3.4 % et 3.1 % respectivement.
Malgré son importance socioéconomique, l’agriculture continue d’accuser du retard par
rapport aux autres secteurs sur le plan de la croissance de la productivité et notamment de la
modernisation. À l’instar de la plupart des pays d’Afrique subsaharienne, la Gambie souffre
d’une fertilité des sols insuffisante en raison de l’épuisement des micronutriments provoqué
par l’agriculture intensive sans conservation adéquate des sols. La mauvaise qualité des sols
conjuguée à l’utilisation insuffisante d’engrais et de pesticides pendant la production des récoltes
explique les mauvais chiffres du rendement et de la productivité agricole.
La croissance du secteur industriel devrait ressortir à 6.4 % en 2012, contre un taux de
croissance de 5.5 % en 2011, conséquence de la croissance en hausse dans le soussecteur de la
construction et celui de l’extraction minière de 12.7 % et 9 %, respectivement. La production
manufacturière a reculé de 4.3 % en 2011 à 2.1 %. La production d’électricité, de gaz et d’eau a
également diminué, passant d’un taux de croissance positif de 3.4 % en 2011 à une croissance
négative de 3.9 %.
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