Le député élu sous les couleurs du parti de la poignée de main et membre du groupe parlementaire VRD n’est pas allé avec le dos de la gamelle pour dénoncer la gestion maladroite du dossier Kidal. Il s’en prend au président de la République qu’il accuse de fuir ses responsabilités en tant que chef suprême des armées en déclarant n’être pas au courant de l’offensive lancée par les troupes gouvernementales contre les groupes armés qui étaient retranchées dans la ville de Kidal, il n’épargne pas non plus le premier ministre Mara qui selon lui a fait la tête dure malgré les conseils de prudence prodigués par des fins connaisseurs du dossier.
Le Tjikan : Honorable, certains maliens estiment que c’est à cause de votre interpellation lors de la déclaration de politique général du gouvernement, que le premier ministre Mara a précipité son déplacement sur Kidal . Que répondez-vous à cette accusation ?
Honorable Gassama : effectivement beaucoup le disent, mais nous, nous sommes de l’opposition, les partisans de Soumaila Cissé, mais c’est une opposition qui n’est pas là pour entraver la bonne marche du pays. Mais nous, nous avons dit qu’en tant qu’opposition nous ne tomberons pas dans les erreurs qui ont donné les résultats que nous savons tous sous ATT. Dès qu’il y’a un danger qui est susceptible de menacer la république, nous allons tirer sur la sonnette d’alarme, qu’on soit écouté ou pas. S’ils font des choses salutaires, on le dira aussi. Nous avons décrié les insuffisances de la Déclaration de Politique General. Si j’ai bonne mémoire, j’ai dit au premier ministre : est ce que Kidal a été vendu ? Est ce que Kidal est malien ?
Le premier ministre Mara est un jeune que j’admire beaucoup, mais je me demande si ce poste n’est pas un cadeau empoisonné pour lui. Il a été à Kidal même si je ne suis pas musulman que je sois noble, je le félicite. Merci Mara ! Je remercie au passage IBK et son gouvernement pour avoir eu le courage d’aller à la rencontre de l’administration à Kidal.
Mais, Mara a commis une erreur ; il faut le dire, car son prédécesseur a voulu faire le déplacement de Kidal, on lui a dit de rebrousser chemin, il a obtempéré. C’est vrai Mara a été à Goundam, à Tombouctou, à Gao. A Gao la Force « SERVAL », la MINUSMA lui ont conseillé de ne pas faire le déplacement, il a refusé, il est parti et on a vu le résultat. Il ya eu certes, des pertes en vie humaine, mais on a su si Kidal est malien ou pas. A l’heure actuelle, ni le président de la république encore moins son premier ministre ne peuvent faire le déplacement de Kidal. Car on a perdu la bataille de Kidal.
Mara après son retour de Kidal a eu un huis clos avec vous que ce qui a filtré de cette entrevue ?
Honorable Gassama : Merci, avant de dire ce qui a filtré de cet hui-clos, revenons un peu sur ce déplacement. A Gao Mara a pris la décision d’aller à Kidal. On lui a déconseillé de ne pas aller. Un avion est parti l’avion n’a pas pu atterrir. Mara a insisté auprès de la MINUSMA, finalement on a mis un hélicoptère à sa disposition. Arrivé à Kidal la force onusienne lui a proposé d’inviter l’administration à son quartier général, chose qu’il a refusé, il est parti au camp où sont stationnées les forces maliennes. Ensuite au gouvernorat. C’est là bas où la goutte d’eau a débordé le vase. Quatre préfets ont été tués. Mara s’est refugié à la MINUSMA avant de rallier Gao. Mara est un enfant de cœur. A Gao au cours de la conférence de presse qu’il a animé il a affirmé que les groupes armés ont imposé la guerre au Mali. C’est une déclaration de guerre de Mara à l’endroit des groupes armés. Mara a annoncé l’envoi de 1500 soldats à Kidal, merci Mara !
Ce qui nous a surpris ce que les déclarations de Mara étaient en contradiction avec le discours du président de la république. Le président et son premier ministre doivent parler le même langage. IBK a dit en français que le dialogue reste le seul moyen pour résoudre le différend de Kidal. Mais bizarrement en bambara, il a dit que nos troupes qui sont entrées n’en sortiront plus. Dans un pays sérieux il ne doit pas y avoir contradiction entre le chef du gouvernement et le président de la république. Quand Mara est revenu de Gao il a rencontré tous les députés et de la majorité et de l’opposition. On lui a demandé, en hui-clos. Cela signifie quelque chose ne doit pas sortir de cet entretien. Mais quand la situation est à ce niveau, il faut que l’opinion le sache. On lui a demandé comment la débâcle est arrivée. Il faut saluer même le courage des députés de la majorité parce qu’ils n’ont pas été tendre avec lui. A l’unisson ont lui a posé la question comment cela est arrivé ? Est ce qu’il a préparé cette visite. En réponse il a dit que le voyage a été préparé soigneusement pendant 4 semaines. Et que toutes les dispositions ont été prises avec le ministre de la sécurité intérieure et le ministre de la défense. Le député RPM, Mahamadou Diarassouba a même posé la question à Soumeylou Boubeye, vous avez été à Tombouctou, à Gao mais pourquoi vous avez refusé de faire le déplacement de Kidal. Mais Boubeye n’était pas content, l’honorable Diarassouba lui a dit mais vous avez tord, « non seulement vous êtes le ministre de la défense et vous êtes de la zone où bien vous avez a été informé à l’avance du danger qui prévaut à Kidal ? » Des députés ont demandé où était le ministre de la sécurité intérieure au moment des faits. Le ministre Sada a dit qu’il voulait bien aller à Kidal mais avant il a souhaité se rendre dans d’autres localités du nord pour rencontrer les services relevant de son département. A Gao, Mara a dit à « SERVAL » et à la MINUSMA qu’il ira à Kidal même si on doit amener son corps de là bas. Boubeye nous a dit qu’il était dans le premier avion qui est parti à Kidal, mais malheureusement, l’appareil n’a pas pu atterrir car la piste a été endommagée par les groupes armés. Quand le premier ministre a été informé par Boubeye, malgré tout le premier ministre a insisté. Finalement, il est parti dans un hélicoptère de la MINUSMA. A Kidal la MINUSMA lui a dit « calme toi, reste ici nous allons appelés les représentants de l’Etat ici ». Il a dit non, il va au camp militaire. Mara dans ses explications a prouvé que Kidal n’est pas malien. Car, il dit qu’il y a les camps n° 1 ; n°2 ; n°3 et n°4.
Le camp n°1 est occupé par la MINUSMA, le camp n°2 par SERVAL, le camp n°3 par l’armée malienne et le camp n°4 par le MNLA. Qu’on se dise la vérité, dans une ville où l’on ne peut circuler librement, est ce que cette ville nous appartient ?
Sur insistance de Mara la MINUSMA a mobilisé une escorte avec des blindés pour l’accompagner au camp n°3, occupé par nos troupes. Apres il a insisté pour aller au gouvernorat, c’est là que la MINUSMA et SERVAL ont réagi il n’a rien voulu savoir. Il les a d’ailleurs manqué du respect en restant campé sur sa position. Le ‘’jeune’’ était décidé. Finalement la MINUSMA a accepté de donner un véhicule blindé pour le gouvernorat. Quand il est arrivé au gouvernorat les tirs ont commencé, les forces de sécurité maliennes aidées par la MINUSMA ont pu ramener Mara et sa délégation au siège de la MINUSMA. Selon Mara, il y a eu des tirs à l’arme lourde. Le MNLA a mis ce temps à profit pour venir prendre les officiels maliens. Ils ont tué des préfets et sous –préfets. Ils ont aussi fait des prisonniers parmi eux, il y a le film. Moussa Mara est resté bloqué à Kidal .Il dit qu’il ira à Kidal au péril de sa vie, voilà le résultat. En partant il a laissé le gouverneur et ses préfets et sous préfets qui sont devenus des moutons de pâturage. Mara est responsable de la mort des officiels et des autres, il a voulu bâtir sa popularité sur le dos de ces personnes morts. Jusqu’à présent certains n’ont pas été enterrés.
Le président de la République dit qu’il n’a pas donné d’ordre, idem pour le premier ministre et le ministre de la défense, qu’est ce vous en pensez ?
Honorable Gassama : d’abord Moussa Mara a bâti sa réputation sur le dos des victimes de Kidal à son arrivée, il a été accueilli comme un président de la République, il a été escorté accompagné par plusieurs personnes jusqu’à Sébeninkoro alors même que le sang de certains cadres n’ont pas séché. Si l’armée avait remporté la bataille de Kidal la question qui a donné l’ordre n’allait même pas se poser. Maintenant la cause est perdue, le président fuit ses responsabilités, histoire de nous ramener à mars 1991 où on s’est demandé qui a tiré qui a donné l’ordre de tirer. A l’époque, le malien n’avait pas les yeux ouverts. Mais aujourd’hui tout le monde sait qui a ordonné à l’armée d’attaquer, c’est IBK. Ils ont déclenché trop tôt l’assaut, le MNLA n’est pas dupe, ils se sont par conséquent préparés. Les renforts ont quitté Bamako pour le nord dans l’indiscrétion la plus totale. Il faut que le président s’assume. Et au passage l’appareil qu’il a payé pouvait acheter des hélicoptères pour l’armée.
Propos recueillis par Badou S.Koba
SOURCE: Tjikan du 30 mai 2014.
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