Alhousseine Makanera Kaké doit être dur de carapace. Autrement, après la salve de critiques qui ont atterri sur sa personne au cours de la semaine, il aurait lâché. Mais c’est décidément mal le connaître. En effet, profitant de l’Assemblée générale hebdomadaire du RPG-arc-en-ciel du samedi 16 août, il a réaffirmé les accusations selon lesquelles Espace TV est en contradiction avec la législation nationale en matière d’implantation et d’exploitation de télévision privée. Mais cette fois, il a poussé le bouchon encore plus loin en assimilant nos confrères à des arnaqueurs qui prostitueraient le métier de journalisme en Guinée.
Makanera et ses contradictions
Justement, l’une des nombreuses contradictions qui pèsent sur l’attitude du ministre de la communication réside bien dans ce genre d’accusations. En effet, au cours de la toute première conférence de presse sur l’affaire, il avait, dans la même veine, accusé Mohamed Djibril Camara, un des journalistes animateurs d’Espace FM et Espace TV, de lui courir après avec toutes sortes de sollicitations. Imaginons que ces accusations soient conformes à la réalité. La question à se poser, c’est comment le ministre lui-même est-il au courant ? N’aurait-il pas été complice des mêmes pratiques par le passé ? Ces questions sont d’autant plus légitimes, qu’au cours de sa première sortie, le ministre avait précisé que certaines des affirmations qu’il a faites au sujet de notre confrère, peuvent être vérifiées auprès de son compte bancaire, sur la base de chèques délivrés. Cela ne sous-entend-il pas qu’il avazit déjà cédé ? Dans une telle perspective, ne serait-il aussi blâmable que ceux qu’ils pourfendent aujourd’hui ?
Par ailleurs, le ministre de la communication est-il nécessairement dans son rôle de veiller au contrôle de la régularité du fonctionnement d’un média ? A cette question, les responsables d’Hadafo médias ont déjà apporté la réponse selon laquelle le Conseil national de la communication (CNC) et l’Autorité de régulation des postes et télécommunications (ARPT) avaient déjà entrepris les mêmes démarches, sans issue. Or, ces instances sont légalement plus habilitées à ce genre de travail. Il en résulte que, non seulement le ministre ne semble pas se livrer à une tâche qui est la sienne, mais en plus, il aurait mieux gagné à aller en synergie avec ces instances. Au moins, il aurait su à quoi s’attendre.
Mais s’il ne s’est pas entouré de cette démarche de prudence, c’est certainement parce qu’il a confondu son statut de citoyen ordinaire à celui de ministre qu’il est. S’il s’est senti injurié au cours d’une des émissions d'Espace FM, il est de son droit de porter plainte. Mais, là, il devrait plutôt le faire comme tout autre citoyen qui se sentirait offensé de la même manière. Du coup, pas besoin de convoquer une conférence de presse.
Espace FM et les jugements de valeurs
Une simple plainte du citoyen Makanera et non du ministre Makanera aurait suffi. Là, il aurait pu avoir raison. Parce que nos confrères ne sont pas exempts de tout reproche. Souvent, certains animateurs ou journalistes se laissent glisser sur la pente des jugements de valeurs, de la sensation ou de l'inexpérience. A propos, la mise au point de Mouctar Diallo, leader des NFD est encore fraiche dans les mémoires pour l’attester. Mais le ministre Makanéra s’y est pris de la pire des manières. Sinon l'opinion publique, elle est convaincue que tout cela n'est qu'un "coup de sang" éphémère. C'est connu Makanéra faisait partie des ''chouchous" de cette radio. C'est certainement pourquoi, au cours d'une leurs "émissions-règlements de comptes", un journaliste d'Espace FM a affirmé:"Nous frabriquons nos propres monstres!"
Un ministre lâché par les siens
En conséquence, il en récolte un tollé général. De la part de l’opposition, de l’Union des radios et télévisions libres de Guinée (URTELGUI) et de nos confrères, les réactions entendues sont dans la nature normale des choses. Par contre, que Makanera ne semble rencontrer aucun soutien de la part de sa famille politique. En tout cas, aucune déclaration officielle du parti n'est venue, en signe de solidarité. Cet incident est révélateur des petites rivalités au sein du RPG-arc-en-ciel. Au point que le directeur général de l’Office national du tourisme (ONT), dans une sortie médiatique qui dénote un opportunisme politique des plus indécents, s’est précipité d’enfoncer davantage le ministre de la communication. Cette attitude de la part de Laye Junior Condé, est symptomatique du peu de convictions avec lequel certains s’expriment dans ce pays. En effet, il n’y pas si longtemps, le même Laye Junior Condé, enviant la liberté qui, croyait-il, était concédée à Paul Moussa Diawara de l’OGP, ne tarissait pas d’éloges à l’endroit du ministre Makanera. A l’époque, il invitait subtilement son ministre de tutelle, Moussa Condé Tata Vieux, à s’inspirer de l’approche manageriale de celui qu’il s’empresse d’enterrer aujourd’hui.
Il en va ainsi des querelles politiques sous-marines.
Pivi BILIVOGUI et Momo SOUMAH pour GuineeConakry.info
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