Pour le camp soutenant le pouvoir, il s’agit d’une divergence mineure inhérente à tout débat démocratique. Mais en face, les adversaires au régime du président Alpha Condé, soupçonnant une tentative de volte-face de la part de la mouvance, sont de plus en plus sceptiques.
L'étonnement
C’était trop beau pour être vrai. Très peu de personnes l’avaient relevé publiquement. Mais tout le monde s’était étonné du consensus dans lequel le dialogue politique inter-guinéen a effectivement commencé le vendredi passé au Palais du peuple. L’étonnement était d’autant plus grand que la mouvance présidentielle et l’opposition s’étaient préalablement entendues autour de l’ordre du jour et du cadre de concertation !
Par ailleurs, à la sortie de la première journée du dialogue, toutes les parties avaient noté avec une satisfaction non dissimulée, la convivialité et le climat bon enfant qui ont caractérisé les débats. Par la suite, on annonçait à l’opinion publique que tout est allé comme sur des roulettes. Sans aucune anicroche. Tranquillement donc, on s’acheminait vers la signature de l’accord, avec comme motif de fierté supplémentaire, le fait que la communauté internationale n’est pas intervenue. Pour une fois, on s’apprêtait à se congratuler parce qu’en Guinéens, on a réussi à dépasser les divergences et les différends et à faire la paix.
Au dernier moment
Hélas ! C’était vite aller en besogne, car au dernier moment, les démons de la division et les égos démesurés reprenant le dessus, l’ultime accord n’est pas paraphé. Le document en question, ne dépassant guère une page, est perçu par l’opposition comme un énième piège. Cette dernière, estimant que le projet d’accord ne contient pas l’ensemble des points sur lesquels on se serait entendu au cours des débats, s’abstient d’y apposer sa signature. Parce qu’elle se dit que cela reviendrait à se mettre une corde au cou.
En particulier, les adversaires du président Alpha Condé en veulent au ‘’flou’’ à propos du couple, Waymark-Sabary Technology. Au cours des débats, il aurait été clairement indiqué que ce tandem soit immédiatement renvoyé ; mais dans le projet d’accord, il aurait été écrit à ce sujet : « Le lancement d'appel d'offre international pour le recrutement d'un opérateur technique conformément au code des marchés publics guinéens ».
Un flou et une main invisible
Pour l’opposition, formulée ainsi, cette disposition laisse la place à un ‘’flou’’ qui peut-être exploité à toutes les fins. Dans le camp de la mouvance présidentielle, on ne nie pas le fait que le document soit à la fois succinct et vague, mais on s’abrite derrière le fait qu’un accord n’est qu’une synthèse intelligente des débats. Se voulant compréhensif et mettant en avant la bonne foi, la mouvance présidentielle se dit cependant disponible de laisser à l’opposition le soin d’étudier davantage le document afin d’apporter d’ici à la semaine prochaine, une contre-proposition.
Ainsi, pour le camp soutenant le chef de l’Etat, l’incident de ce vendredi n’est qu’une ultime divergence qui sera vite résolue. Ce avec quoi l’opposition n’est pas forcément d’accord. Pour cette dernière, c’est même« une main invisible » dont le propriétaire ne serait pas satisfait du contenu du projet d’accord initial, qui agirait de « manière souterraine ». Concrètement, Aboubacar Sylla, le porte-parole de l’opposition et ses collègues voient derrière le caractère imprécis du projet de ce matin, la main du chef de l’Etat. Or, si ces soupçons se révélaient fondés, on serait parti pour une probable remise en cause de l’ensemble du processus de dialogue. Mais attendons de voir…
Boubacar Sanso Barry pour GuineeConakry.info

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