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mardi 12 juillet 2016

Congo: le décollage économique se fait attendre

Une vue de Brazzaville
La performance économique du Congo au cours des trois dernières années n’a pas permis de réaliser les objectifs de développement fixés à l’horizon 2025. Le pays reste fragile et confronté à des défis considérables, à savoir un taux élevé de pauvreté et de chômage, de fortes inégalités sociales et des services publics dans l’ensemble peu accessibles et peu efficaces. Le tout dans un climat de fortes tensions politiques. Pour le Congo-Brazzaville, la croissance économique sera modérée à moyen terme, avec des prévisions de progression annuelle de 3 % en moyenne sur la période 2016-2018, selon les estimations de la Banque mondiale.
Ce dynamisme proviendra essentiellement des secteurs extractifs, car les prévisions tablent sur une forte hausse de la production pétrolière. Un déficit budgétaire conséquent d’environ 10,5 % du PIB en raison de la baisse des recettes est attendu, lequel devrait être résorbé par l’État. Ce dernier devra émettre de la dette, puiser dans ses dépôts ou emprunter auprès de la BEAC. Ainsi, en tenant compte des prévisions à la baisse du PIB nominal en 2016, le ratio dette publique/PIB devrait dépasser 50 % en 2016, d’après les prévisions de la Banque mondiale.
Par ailleurs, l'économie du Congo demeure vulnérable et exposée aux chocs exogènes, notamment la volatilité des prix du pétrole et les retards dans la production minière. La croissance économique s’est établie à 4 % en moyenne sur la période 2011-2015. Un chiffre décevant comparé aux 8,5 % prévus dans le Plan national de développement. Les mauvaises performances sont à imputer aux mauvais résultats du secteur pétrolier, qui a chuté de 5,4 % sur la même période. Néanmoins, les secteurs non extractifs du pays ont été plutôt solides sur la même période grâce aux investissements publics dans l’infrastructure (9,7 %) et de l’activité dans les industries manufacturières ainsi que dans les secteurs de l’électricité, du gaz et des télécommunications. En 2015, l’économie congolaise a enregistré un taux de croissance de 3 %.
Les autorités sont parvenues à maîtriser l’inflation, qui a chuté en taux annuel de 5 % en 2011 à 0,9 % en 2012, soit en dessous du plafond de 3 % fixé par la Communauté économique des États d’Afrique centrale (Cemac), a précisé la Banque mondiale. Le gouvernement a décidé de ralentir le rythme des dépenses publiques en 2015 afin d’ajuster sa politique budgétaire à la chute des cours du pétrole qui ont conduit à une baisse drastique des recettes étatiques, qui ont augmenté de 13 % en moyenne entre 2011 et 201 et baissé de 26 % en 2014-2015. La réduction des dépenses publiques a permis de compenser la diminution substantielle des recettes pétrolières due à la baisse de la production et des prix pétroliers. En dépit d’une conjoncture peu favorable, il est essentiel de souligner que la République du Congo dispose de nombreux atouts pour bâtir une économie solide, améliorer le niveau de vie de sa population et tirer vers le haut la croissance économique de la sous-région.
Un pays aux énormes potentialités
Le pays détient d’importantes réserves de pétrole, près de 22 millions d’hectares de forêts naturelles et une grande superficie de 10 millions d’hectares de terres arables. Le Congo possède également l’un des réseaux hydrauliques les plus développés, un climat propice à l’agriculture, des ressources minières et une biodiversité qui revêt une importance mondiale et contribue à lutter contre le changement climatique en régulant les gaz à effet de serre. À cela s’ajoutent une position géographique stratégique en Afrique centrale, avec une façade maritime de 170 kilomètres sur l’océan Atlantique et un port en eau profonde à Pointe-Noire dont pourrait bénéficier l’ensemble de la sous-région. Pourvue d’importantes ressources naturelles avec une population peu nombreuse de 4,1 millions d’habitants, la République du Congo a le potentiel nécessaire pour devenir une économie émergente dans les 15 à 20 prochaines années, prédit la Banque mondiale. Pour ce faire, il est impératif que ses décideurs prennent les mesures et les actions adéquates.

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