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mardi 21 avril 2015

Fodé Oussou cloue au pilori la CENI qu’il qualifie de ‘’danger’’ et appelle le gouvernement à agir

 
Dans un entretien téléphonique qu’il a accordé ce lundi 20 avril à Guinéenews, le vice-président de l’UFDG et président du groupe parlementaire des libéraux, Dr. Fodé Oussou Fofana voue aux gémonies la CENI. Dans une diatribe enflammée, il fustige sans ménagement l’institution électorale qu’il qualifie de danger, d’incompétente voire d’illégale pour avoir, soutient-il, pris une décision ‘’illégale’’. Pour lui, une seule chose vaille aujourd’hui et à laquelle le gouvernement doit se rendre compte, c’est de constater ‘’l’illégalité’’ de la décision de la CENI, l’annuler en conséquence. Pour favoriser, a-t- il indiqué, la reprise  du dialogue. Une exigence qui n’est pas assimilable, expliquera Dr. Fodé Oussou, à des préalables comme l’indique le gouvernement. Il veut voir pour avoir le cœur net, la CENI flanquée d’une structure d’appui… Lisez !  

Guinéenews : Le gouvernement demande à l’opposition de renoncer à ses préalables pour reprendre le chemin des négociations, qu’est-ce que vous répondez ? 

Dr. Fodé Oussou Fofana : Pour nous de l’opposition, nous ne parlons de préalables. Parce que les préalables, constituent une décision, qu’elle soit prise par le président Alpha Condé ou par son gouvernement et qu’on demande à ce qu’ils reviennent là-dessus… C’est en ce moment seulement qu’on peut parler de préalable. Nous parlons d’une décision d’une institution qui est dans la République, la CENI. Celle-ci est chargée d’organiser les élections dans les périodes définies par la loi. C’est ce qui est son rôle. On dit par exemple c’est toi qui organise les élections et on précise, voilà les périodes qui s’imposent conformément à la loi. Il est donc de la responsabilité de la CENI d’appeler les acteurs politiques pour dire, pendant cette période donnée, je ne peux pas organiser d’élections parce que n’ayant pas les moyens qu’il faut. A partir de cet instant, les acteurs politiques se retrouvent pour voir ce qu’il y a lieu de faire. Mais on est dans une situation où ce n’est pas le gouvernement qui prend la décision, ce n’est pas non plus un décret de monsieur  Alpha Condé. C’est une décision de a CENI, qui est illégale.  C’est-à-dire que la décision relative au chronogramme électoral est illégale et cela ne fait pas partie de ses prorogatives.  Parce que cette période étant déjà clairement définie par la loi.   Pour les communes par exemple, c’est le code électoral qui intervient. Par rapport à l’élection présidentielle, c’est la constitution qui la définit. C’est pourquoi, la date retenue pour l’organisation de l’élection présidentielle, est conforme à la loi. C’est ce qui fait que pour nous, nous ne parlons pas de préalables. Il s’agit d’une décision illégale que nous condamnons avec la dernière énergie. Nous demandons au gouvernement de revenir sur cette décision pour qu’on se retrouve. Ce qui ne constitue aucunement un  préalable.  Parce que la décision de la CENI n’est pas encore entérinée par le chef de l’Etat. Et honnêtement tout le monde sait que cette CENI a été si incompétente par le passé qu’elle avait fait prendre au président de la République un décret convoquant le corps électoral. La suite, on la connaît. Cela est une incompétence avérée. Donc pour nous, on ne parle pas de préalables. Le problème qu’il y a, n’est pas un problème qui oppose le gouvernement et nous. 

Guinéenews : La Cour Constitutionnelle étant mise en place, ne serait-il pas judicieux de votre part d’attaquer auprès de ladite institution cette décision de la CENI ?

Dr. Fodé Oussou : Ecoutez ! A ce qu’on sache, la CENI est une institution qui est dans la République et non en dehors. Elle est censée travailler pour les partis politiques. Aujourd’hui, il y a un problème qui, si l’on n’y prend garde, risque d’embraser le pays. Quand vous sortez ce lundi dans la ville, vous  vous rendrez compte que cette image n’est bien pour personne. La solution qui s’impose, c’est d’appeler la CENI pour lui dire qu’elle n‘est pas dans son rôle. La CENI, je le rappelle, doit organiser des élections dans des périodes définies par la loi et elle ne peut outrepasser ce cadre. On est quand même dans une République qui est gouvernée, où chacun ne peut pas se permettre ce qu’il veut.  Nous pouvons saisir de droit cette institution si le chef de l’Etat avait entériné la décision de la CENI. La CENI travaille parce que les partis politiques existent. C’est un peu comme on désigne un arbitre pour officier un match de football et que celui-ci décide de son propre chef qu’à partir de maintenant, la première équipe doit avoir dix joueurs et la deuxième, huit ou il vous dit, jouez en après, on va régler le reste au niveau de la FIFA. Je dis non, ce n’est pas son rôle. Ce qui fait qu’elle ne peut en aucun cas modifier les périodes indiquées par la loi ou le code électoral.

Guinéennews : Vous voulez donc que ce soit le gouvernement qui interpelle aujourd’hui la  CENI sur ce ‘’manquement’’ à sa vocation ?

Dr. Fodé Oussou Fofana : Non. Si le gouvernement considère qu’il n’a pas été consulté, le RPG Arc-en-ciel dit qu’il n’a pas été non plus consulté   idem pour les autres parties politiques de l’opposition qui affirment que cette décision ne les engage pas, elle n’engage que la CENI. Ce n’est pas une question de pour ou  contre la CENI. C’est que simplement, nous attaquons une décision de la CENI qui est illégale dans le fond. 

Guinéenews : La CENI est composée de représentants issus de la mouvance comme de l’opposition. Est-ce que ne pensez-vous pas que le gouvernement en décidant d’attaquer cette décision de la CENI ne risque pas d’être accusé d’avoir fait de l’ingérence dans le fonctionnement de cette institution qui est indépendante ? 

Dr. Fodé Oussou Fofana : L’Etat, c’est l’ensemble des institutions qu’incarne une nation. A la tête de l’Etat, il y a un chef qu’on appelle le chef de l’Etat. Celui-ci doit veiller à ce que toutes les institutions fonctionnement normalement conformément à nos lois. La Cour Suprême ne peut pas se permettre ce qu’elle veut, l’Assemblée nationale ne peut pas non plus se permettre ce qu’elle veut. Sinon, on serait dans une jungle.  Quand on dit que la CENI est indépendante, elle l’est par rapport…

Guinéenews : Justement en quoi consiste alors cette indépendance de la CENI, selon vous ? 

Dr. Fodé Oussou Fofana : L’indépendance de la CENI consiste à dire qu’elle est l’institution qui est chargée d’organiser  des élections dans le pays, elle a une autonomie financière, comprend des commissaires et se gère… Mais la loi dit que la CENI organise les élections en collaboration avec les partis politiques. Elle est l’arbitre et par conséquent, elle doit travailler en permanence avec les partis politiques. Toute décision prise par la CENI doit associer les partis politiques, pas pour la prise des décisions mais ils doivent être informés du bien fondé pour qu’ils l’intègrent. Par exemple, je veux amener des gens à l’intérieur du pays pour aller faire la révision, j’informe les partis politiques pour qu’ils informent leurs représentants, c’est-à-dire pour qu’ils préparent trois ou quatre personnes à cet effet… Si la CENI vient à l’intérieur du pays, les partis politiques ne sont pas au courant, c’est anormal voire illégal et s’il y a des troubles à la suite d’une telle décision, elle aura cherché. Je parle d’une CENI qui n’a jamais rencontré un  parti politique et dont le président méprise les partis politiques. En l’état, le gouvernement se doit de régulariser la situation, d’être l’arbitre suprême. Ce n’est pas parce que la CENI est indépendante qu’elle peut faire ce qu’elle veut. Honnêtement, si cette CENI se rendait compte qu’elle n’était pas capable d’organiser deux élections, elle n’avait qu’à se référer en posant clairement les contraintes auxquelles elle pouvait être confrontée. Il ne s’agit pas d’aller à Kindia, demander à 10 personnes, quelles sont celles qui veulent et quelles sont celles qui n’en veulent pas.

Guinéenews : La CENI a-t-elle violé ses propres règlements qui la régissent ou sa violation, c’est vis-à-vis de la loi ?

Dr. Fodé Oussou Fofana : C’est vis-à-vis de la loi comme je suis en train de vous l’expliquer depuis. Qu’est-ce qu’on dit par rapport aux délégations communales ? Le code électoral stipule que quand le mandat arrive à expiration, il faut le renouveler. Cela est une exigence de la CEDEAO. Pour l’élection présidentielle qui est constitutionnelle, la période est bien définie, c’est le mois d’octobre. Quand on dit par exemple que la période, c’est du 15 au 20 octobre… La CENI ne peut pas aller en dehors de cette période indiquée. Par contre, elle doit s’arranger à ce que cette période soit respectée. Et en aucun cas, elle doit aller jusqu’au 25. C’est ce qui est prévu par la loi. Si elle fait le 17, 18, 19 ou le 20, cela ne pose aucun problème vis-à-vis de la loi. C’est-à-dire qu’elle dispose d’une fourchette de dates pour savoir quand est-ce qu’elle doit choisir. On ne peut dire qu’elle a le choix entre le 15 et le 20 et qu’elle avance la date du 31 décembre. 

Guinéenews : C’est le fait d’avoir programmé la tenue des présidentielles avant les communales que vous taxez la CENI d’illégalité, n’est-ce pas ?

Dr. Fodé Oussou Fofana : C’est au-delà de tout cela. Ce que nous défendons est extrêmement important pour nous. C’est que cette décision de la CENI aujourd’hui n’engage pas, à ce que je sache, le gouvernement. Puisque ça devient une discorde, le gouvernement a le droit d’annuler ce chronogramme et demander à la CENI de rencontrer les partis politiques pour que chacun donnent sa position. La CENI pourra expliquer pourquoi elle ne peut pas, nous lui expliquerons comment s’est possible et finalement on s’accordera. Si ce n’est pas possible, nous verrons ce qu’il y a lieu de faire.

Guinéenews : En ce moment, quelle est l’importance de vos représentants notamment ceux des partis politiques au  sein de la CENI ?

Dr. Fodé Oussou Fofana : On a voulu une CENI politique. S’ils sont incompétents, ils sont compétents, sinon tout le monde y représenté. Mon objectif n’est pas de dire qui est compétent et qui ne l’est pas. Je parle de l’institution et je ne veux pas personnaliser.  Mais je tiens à préciser que nous vivons une crise profonde. Je serais d’accord que le gouvernement ait des problèmes si Alpha Condé avait pris un décret et que par la suite, on  demande qu’on ne vienne pas tant que ce décret n’est pas annulé. Mais on ne parle d’Alpha Condé mais plutôt d’une institution. Bon sang, si le gouvernement se rend compte que les partis politiques n’ont pas été  ni consultés, ni associés ou informés et que la CENI évolue en dehors de toute légalité… C’est de cela nous parlons et qui ne constituent pas des préalables. 

Guinéenews : Mais la CENI est composée des représentants respectifs des deux bords, à ce que je sache ?

 Dr. Fodé Oussou Fofana : Non, si vous posez le problème en ces termes, vous allez fausser les données. Aujourd’hui, si on me demandait mon avis, on devait mettre une structure d’appui au niveau de cette CENI.

Guinéenews : Cette structure va servir à quoi ?

Dr. Fodé Oussou Fofana : Je parle de structure d’appui parce que cette CENI est incompétente. Cette incompétente est tangible, avérée qu’elle est capable même de compromettre la date de l’élection présidentielle d’octobre. Cette CENI n’a aucun moyen ni expertise pour organiser une élection, elle est un danger. Je rappelle qu’en 2013, elle a fait prendre à Alpha Condé un décret convoquant le corps électoral et après il est revenu la-dessus.  

Guinéenews : Au juste qu’est-ce vous souhaitez aujourd’hui au niveau de l’opposition ?

Dr. Fodé Oussou Fofana : Nous souhaitons à ce que le gouvernement se rend compte que décision de la CENI n’est pas sa décision et que l’opposition n’a pas été consultée. En conséquence, qu’on soit rétablis dans notre droit en annulant le chronogramme et qu’on se retrouve autour de la able pour discuter et pour qu’on se comprenne. 

Guinéenews : Si le gouvernement accédait à cette requête, est-ce que demain, vous n’allez pas revenir pour dire qu’il est en train d’interférer dans le fonctionnement de la CENI ?

Dr. Fodé Oussou Fofana : Non, il n’y a aucun risque pour cela. Mais, c’est la décision qu’elle a prise qui est illégale. Je suis en train de dire que la CENI n’est pas légale, qu’elle prenne des décisions qui sont illégales. Si la CENI est illégale, elle est illégale…

Entretien téléphonique réalisé par Camara Moro Amara

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