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mardi 2 septembre 2014

Quand le président Macky Sall en veut à l’étudiant guinéen

Entre la Guinée et le Sénégal, les relations ne semblent point au beau fixe. La double fermeture de la frontière commune aux deux pays par Dakar et l’interception des fameux 20 millions de dollars par la douane sénégalaise sont là pour l’attester. Mais, désormais, il y a aussi la colère du président sénégalais contre l’étudiant guinéen, par l’intermédiaire duquel l’épidémie d’Ebola a officiellement touché le pays de la Téranga.
En effet, selon des confrères sénégalais dont actusen.com, le président Macky Sall aurait mis la levée des couleurs de ce lundi, pour manifester toute sa colère contre le jeune Guinéen. L’accusant d’avoir franchi la frontière, alors que cette dernière était fermée. Le chef de l’Etat sénégalais dit: “Si ce n’était pas son état santé, il doit être poursuivi par les juridictions de notre pays. Car nos frontières ont été fermées donc ce jeune a violé nos lois”, Voilà qui en dit long sur la nature des relations actuelles entre Dakar et Conakry. Parce qu’à l’évidence, une telle charge n’est pas que pour celui qui a traversé la frontière le 15 août dernier. Quid de la solidarité CEDEAO ?
A la limite, on peut comprendre que le Sénégal ferme ses frontières. Même si l’inefficacité et même le caractère contre-productif de la mesure sont suffisamment démontrés aujourd’hui par les plus grands experts. Après tout, le Sénégal, en tant qu’Etat souverain est libre de ses décisions. Mais, pour autant, est-il besoin, de la part d’un président de la République, de s’acharner sur un pauvre étudiant dont on ne sait même pas s’il sortira indemne de l’épidémie ? Le président Macky Sall aurait-il oublié que la personne dont on parle a déjà perdu une bonne partie des membres de sa famille ? Le pauvre n’est-il pas déjà suffisamment accablé par le sort ?
Les divergences politiques entre la Guinée et le Sénégal sont une chose. A la limite, elles sont normales et peuvent se comprendre. Par contre, un jeune étudiant, qui plus est, souffrant d’une des maladies les plus graves de l’heure, ne devrait pas en faire partie. Parce que son cas est désormais strictement humanitaire. Tout en déployant tous les efforts requis pour freiner, voire empêcher la dissémination de l’épidémie sur le sol sénégalais, les autorités devraient plutôt apporter tous les remèdes (matériels et moraux) à la première victime qu’est le jeune Guinéen. Quelle que soit la faute dont il pourrait être coupable, il a droit à ce qu’on fasse tout pour qu’il demeure en vie. Sinon, cela ne ressemblerait-t-il pas, Monsieur le président  à une «non assistance à personne en danger»… ?

Pivi Bilivogui pour GuineeConakry.info   

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